Friday 1 July 2005

Chapitres 71 à 80



Chapitre 71. Comprendre les signes.


701.
Celui qui devine, de son seul regard, la pensée du (Roi),
et sans que celui-ci la dise, est l'ornement de ceux qui habitent la terre,
entourée de l'intarissable océan.


702.
Considérer comme égal à Dieu, celui qui devine avec certitude,
ce qui se passe dans le for intérieur d'un autre.


703.
Que (le Roi) engage comme conseiller, même en lui donnant quoi que ce soit de ses Biens, celui qui a le talent de découvrir le sens des signes d'autrui, par ce qu'il ressent intérieurement lui-même.


704.
Ceux qui  ont le talent  de  deviner  la  pensée d'autrui, sans que celui-ci s'en ouvre, ressemblent aux hommes qui n'ont pas le même talent par les organes, mais en sont distincts par leur intelligence.


705.
A quoi sert l'œil précieux d'entre les organes,
s'il ne comprend pas la signification des signes ?


706.
De même que le cristal réfléchit l'image de l'objet placé devant lui,
de même le visage reflète le sentiment qui déborde du cœur.


707.
Qu'y a-t-il de plus subtil que le visage qui exprime le premier le dégoût ou le désir de la vie ressentis par le cœur ?


708.
Si vous trouvez quelqu'un qui lise votre pensée et fasse le nécessaire pour vous satisfaire, il vous  suffit de vous  placer devant lui et de le regarder.


709.
Si (le Roi) a (des Ministres) qui comprennent l'expression de ses propres yeux, ceux-ci leur indiqueront l'amitié ou la haine qui déborde dans son cœur.


710.
L'instrument  dont se servent  les  Ministres réputés par leur subtilité pour deviner (les intentions du Roi) n'est rien autre chose que leur œil, si l'on y réfléchit bien.



711.
Que les purs de cœur qui savent la  valeur de la parole,
étudient d'abord l'assemblée, sachent sa disposition et parlent ensuite.


712.
Que les hommes de bien, qui ont étudié et connu par expérience la marche de la parole,  se rendent compte de l'efficacité de bonnes paroles, et parlent très clairement et sans commettre de fautes.


713.
Ceux qui prennent sur eux de discourir dans une assemblée,
dont ils ne connaissent ni la capacité ni la disposition,
ne connaissent pas la manière déparier et ne possèdent pas l'art de parier.


714.
Que l'on déploie ses talents de la parole et de l'érudition dans une docte assemblée, mais devant un auditoire d'ignorants, qu'on adopte la couleur blanche de la chaux, (se montrer ignorant).


715.
La modestie, qui empêche de prendre la parole dans une assemblée de gens plus instruits que soi-même, est une qualité qui l'emporta sur toutes les autres.


716.
Commettre une faute de parole dans une assemblée d'hommes nourris de toutes les sciences et qui en connaissent la valeur, équivaut à s'écarter du bon chemin et tomber dans le mal.


717.
Le savoir d'un érudit ne brille de toute sa splendeur que dans une réunion de critiques consommés.


718.
Discourir dans une réunion d'hommes, capables d'examiner sans erreur les paroles, c'est arroser un  carré de plantes qui  croissent d'elles-mêmes.


719.
Qua ceux qui sont aptes à discourir sur le Bien dans une réunion d'hommes vertueux, de manière à les délecter, ne parlent pas, même par oubli, dans une assemblée de méchants.


720.
Que l'homme de Bien évite de parler dans une assemblée qui n'est pas composée de ses semblables, car un tel discours ressemble à l'ambroisie répandue  dans une cour malpropre.

Chapitre 73. pas avoir peur de l'auditoire.


721.
Les purs de cœur, qui connaissent l'effet de la parole, ne font pas de fautes lorsqu'ils parient dnas un assemblée de savants, dont ils se sont assuré de la qualité.


722.
Sont appelés savants d'entre les savants, ceux qui développent sans crainte leurs connaissances devant des savants, et de la manière que ceux-ci approuvent.


723.
Nombreux sont ceux qui meurent courageusement devant l'ennemi, mais rares ceux qui peuvent parler courageusement dans une assemblée.


724.
Que les hommes instruits exposent leur savoir devant d'autres hommes instruits, de manière à être appréciés par eux et apprennent d'eux ce qu'ils ignorent encore.


725.
Que le Ministre apprenne les règles de la logique, afin de pouvoir soutenir la discussion dans le Conseil d'un Roi étranger.


726.
Quel rapport, ceux qui n'ont pas la force, ont-ils avec l'épée? quel rapport ont-ils avec les lettres, ceux qui s'offraient devant une assemblée de gens d'esprit?


727.
Le savoir de celui qui s'effraie devant une assemblée a la même valeur que l'épée tenue par un eunuque au milieu des ennemis.


728.
N'est d'aucune utilité au monde le vaste savoir de celui qui, par peur, ne peut pas dire de bonnes choses dans une réunion de gens de Bien, de manière à les faire apprécier par eux.


729.
Celui qui a fait de solides études et en connaît le prix, s'il a peur d'une assemblée d'hommes de Bien, est considéré comme le dernier de ceux qui n'ont fait aucune étude.


730.
Ceux qui s'effraient devant une assemblée et ne peuvent pas y exposer ce qu'ils ont appris, de manière à le faire valoir, bien qu'ils respirent, ressemblent aux cadavres.

Chapitre 74. Le pays.


731.
Le pays est (l'en droit) où vivent réunis (les cultivateurs) qui font de riches récoltes, les gens vertueux et ceux dont la richesse n'est atteinte d'aucun mal.


732.
Le pays est (l'en droit) qui, à cause du nombre illimité d'objets qu'il produit, est digne d'être désiré par les étrangers, qui est indemne de calamités et qui produit des récoltes excédantes.


733.
Le pays est (l'endroit) qui supporte, le cas échéant, toutes les charges des autres pays et qui paie en outre, de plein gré, l'impôt au Roi.


734.
Le pays est (l'endroit) où l'on vit heureux à l'abri d'une  faim excessive, des maladies incurables et  des  invasions  ruineuses de l'étranger.


735.
Le pays est (l'endroit) où ne s'assemblent pas des partis à tendances diverses, qui n'est pas déchiré par les factions intérieures ruineuses, et où il n'y a pas de méchants ni de Seigneurs tributaires qui ont, pour profession, l'assassinat et qui, le cas échéant, persécutent le Roi.


736.
Le pays qui ne souffre pas les invasions des ennemis et, s'il s'en produit, dont la production n'est pas déficitaire est, dit-on, le premier des pays.


737.
Les deux nappes (souterraines et de surface) les montagnes fertiles, les  sources qui en découlent, une forteresse indestructible sont les organes du paya.


738.
L'absence de maladies, l'opulence, l'abondance de la production,
le bonheur et la sécurité sont les cinq joyaux du pays.


739.
Le  pays  qui produit sans  labeur  est  pays;
mais celui que le travail seul fait produire, n'est pas pays.


740.
Toutes ces qualités ne sont d'aucune utilité au pays,
qui n'est pas administré par un Boi.

Chapitre 75. La place forte.


741.
La fortresse est utile à ceux qui vont attaquer l'ennemi ( pour conserver leurs Biens). Aussi bien qu'à ceux qui s'y réfugient, par crainte de l'attaque.


742.
La fortresse est (la place) qui a l'eau claire comme le cristal, la plaine, la montagne et le bois à l'ombre fraîche.


743.
La muraille qui a quatre qualités, qui  est haute, large, solide et inexpugnable par les machines de guerre est, disent les auteurs, la fortresse.


744.
La fortresse est (la place) qui a des endroits peu vastes à défendre: (tels que portes et fenêtres) et un espace vaste et qui brise les efforts des assaillants.


745.
La fortresse est (la place) qui a la qualité d'être difficile à être prise, qui regorge de provisions et qui facilite la  défense  des assiégés.


746.
La fortresse contient non seulement tout ce qui est nécessaire aux assigés. mais aussi une garnison  de bons  soldats capables de la défendre contre les assaillants.


747.
(La place) qu'il est difficile de prendre, soit par le siège, soit par l'assaut, soit par la mine est la forteresse.


748.
La (place) qui  aide à repousser l'ennemi  qui l'entoure et l'attaque, et qui permet  aux assiégés de combattre et vaincre l'ennemi, sans abandonner leurs postes, est la forteresse.


749.
La fortresse est (la place) qui acquiert la gloire par les sorties vigoureuses  que font  les assiégés, dépuis le commencement du siège, pour tomber sur l'ennemi et le détruire dans son camp.


750.
La fortresse. bien quelle  réunisse toutes ces qualités, n'est d'aucune utilité si les défenseurs ne font  pas  preuve  d'énergie dans l'actiou.

Chapitre 76. Maniéré d'acquérir les Biens.


751.
Il n'y a rien d'autre que les Biens qui fasse considérer ceux qui ne sont pas considérés.


752.
Tous méprisent les pauvres ; tous célèbrent les riches.


753.
La lampe inextinguible dite richesse détruit l'obscurité appelée haine, et pentère dans tous les pays désirés par ses passesseurs.


754.
La richesse acquise sans Cruauté, par celui qui connaît la manière de l'acquérir, lui donne la vertu et le bonheur.


755.
Que (le Roi) évite et fuit la richesse qui ne lui vient  pas par la bonté qu'il temoigne à ses Sujets et qui ne lui est pas payée. Par l'affection de ces derniers.


756.
Les Biens  abandonnés ou sans  maître,  les successions en déshérence,  les revenus de l'impôt, le produit des douanes, les prises sur l'ennemi, constituent le trésor du Roi.


757.
L'enfant engendré par l'affection et que l'on appelle grâce est élevé par la mère nourricière qu'est la richesse.


758.
Celui qui fait le commerce avec son propre capital ressemble à l'homme qui assiste à un combat d'éléphants, du haut d'une colline.


759.
Acquérez la richesse ! c'est l'acier qui abat l'orgueil des ennemis et il n'y a pas d'arme plus effilée qu'elle.


760.
A celui qui a accru la richesse acquise dans la bonne voie, il est facile d'acquérir les deux autres Biens (vertu et bonheur).

Chapitre 77. Des avantages de l'armée


761.
L'armée composée de tous ses corps (infanterie, etc.), bien organisée, qui ne craint pas d'affronter les batailles et qui est capable de vaincre l'ennemi est le principal trésor du Roi.


762.
La bravoure de résiter, quoi que réduits à un petit nombre et sans craindre de  s'exposer dans les situations désespérées, n'appartient qu'à ceux qui sont soldats par profession et de géné ration en génération.


763.
Quel mal peut faire au serpent une armée de rats qui mugit comme l'océan?  Il suffit au serpent de souffler pour la détruire.


764.
L'armée (digne de ce nom) est celle qui n'a pas connu la défaite, qui n'a pas été corrompue par l'ennemi et qui a pour elle, une longue tradition de bravoure.


765.
L'armée est celle qui, bien unie, a le courage de résister même à l'attaque furieuse d'Yaman (dieu de la mort).


766.
La bravoure, l'honneur, le parcours de la voie glorieuse (des anciens héros) et la confiance du Roi: tels sont les quatre choses qui protègent l'armée.


767.
La (vraie) armée est celle qui, connaissant les dispositions des forces ennemies sur le champ de bataille, sait prendre ses positions pour soutenir (sans faiblir)  le choc de l'attaque et qui ensuite, se garant contre la joussière soulevée par lui, s'élance sur l'ennemi.


768.
L'armée qui n'a pas le courage  d'attaquer ni la force de résister, en impose par l'apparence de son nombre.


769.
L'armée vaincra l'ennemi,  si elle  n'est pas réduite par les pertes, si elle n'a pas la cupidité inguérissable  du pillage  et si elle ne souffre pas de la misère.


770.
Bien qu'elle ait un grand nombre de soldats braves, l'armée lâche pied, si elle n'est pas commandée par des chefs habiles.

Chapitre 78. Bravoure de l'armée.


771.
0 ennemis 1 Ne résistez pas  à mon chef, (si voulez vivre): car nombreux sont ceux qui lui ont résisté et qui sont couchés là où s'élève la pierre tumulaire !


772.
Il vaut mieux tenir à la main la flèche qui a manqué l'éléphant dans la plaine que celle qui a atteint le lièvre dans la forêt.


773.
Est très  estimée,  dit-on, la bravoure, avec la quelle on attaque l'ennemi avec furie et sans le regarder, mais est plus estimable encore, la bravoure avec la quelle on secourt, avec un œil compatissant, l'ennemi auquel est arrivé un malheur.


774.
Celui qui,  après  avoir lancé  une  flèche qu'il avait à la main sur l'éléphant qui l'a attaqué, en cherche une autre, pour la lancer sur un autre (éléphant) qui va venir, sera ravi d'arracher de sa poitrine, la flèche qui l'a percé.


775.
Si  l'œil, qui  a  regardé  l'ennemi  avec furie, change  ce regard et cligne, ne  pouvant supporter le vol de la flèche lancée (par l'ennemi), ce clignement est une défaite pour le héros.


776.
En comptant ses jours écoulés, le héros range parmi les jours gaspillés, ceux où il n'a pas été grièvement blessé au visage ou à la poitrine.


777.
Pour le héros,  qui,  désirant  la  gloire qui se répand par toute la terre, ne fait pas cas de sa vie, se revêtir d'une cuirasse équivaut à se parer d'un joyau.


778.
La  vaillance du héros, qui n'a pas peur de mourir sur le champ de bataille, ne diminue en rien, lorsque le Roi l'empêche de se battre.


779.
Qui donc peut se moquer du héros qui, ayant juré de mourir s'en est allé à la bataille, d'avoir échappé à la mort ?


780.
La mort de celui qui s'est battu, de manière à faire venir  les larmes aux yeux  du  Roi qui l'a comblé de ses bienfaits, mérite d'être obtenue, même en mendiant.

Chapitre 79.  De l'amitié.


781.
Quels sont les Biens rares à acquérir, si ce n'est l'amitié ?
Si on l'acquiert, quelle est la garde meilleure qu'elle,
pour se protéger contre la haine de l'ennemi ?


782.
L'amitié des gens d'esprit  croît comme la lune croissante;
celle des sots décline comme la lune décroissante.


783.
L'amitié entre hommes d'un bon naturel, fait les délices de ceux qui la pratiquent, tout comme les livres, qui font les délices de ceux qui les étudient.


784.
Ce n'est pas pour se divertir  qu'on  se lie d'amitié, mais pour prévenir les égarements, les réprimander s'ils se produisent et donner de bons conseils.


785.
Il n'est pas  nécessaire  de se  réunir  et de se fréquenter  (pour se lier d'amitié); c'est l'identité de sentiments qui engendre elle-même le droit à l'amitié.


786.
(La camaraderie qui consiste à) accueillir la face réjouie n'est pas l'amitié;
mais accueillir avec le cœur épanoui d'affection est l'amitié.


787.
Ecarter quelqu'un de la mauvaise voie qui ne cause que les maux, le diriger dans la voie du Bien et supporter avec lui le malheur, s'il vient: c'est l'amitié.


788.
De même que la main  sert  instantanément à celui dont  le  vêtement est dérangé, pour couvrir sa nudité, l'ami sert à délivrer sur-le-champ celui qui souffre, de sa douleur.


789.
Quelle est le siège de l'amitié ?  Le pouvoir de se maintenir fermement partout où l'on se rencontre et en parfaite union, dans les actes vertueux.


790.
C'est une piètre amitié que celle de ceux qui se vantent en disant:
“Combien je l’aime ! Combien il m’aime!”

Chapitre 80. Epreuve de l'amitié.


791.
Ceux qui sont liés d'amitié ne se séparent pas, l'un de l'autre.
Il n'y a donc pas de mal pire que se lier d'amitié sans épreuve préalable.


792.
Se lier d'amitié avec quelqu'un, sans avoir éprouvé souvent et de différentes façons (son caractère et ses actes) cause la douleur qui fera mourir à la fin.


793.
Liez-vous d'amitié avec quelqu'un dont vous avez éprouvé les qualités,
les défauts, et dont vous connaissez la famille et les parents qui sont sans tare.


794.
Il faut obtenir même en donnant (quelque chose), l'amitié de celui qui est né dans une noble famille et qui a honte du déshonneur.


795.
Rechercher après examen, l'amitié de celui qui a le talent de voos faire regretter la pensée d'un acte contraire aux usages du monde, de vous blâmer si vous l'avez commis et de vous engager à tenir une conduite conforme (aux usages du monde).


796.
Le  malheur  est  un  instrument  qui  mesure l'amitié des parents;
il y a donc dans le malheur, une bonne expérience à acquérir.


797.
Le bénéfice de quelqu'un, c'est d'abandonner l'amitié des sots et de s'en séparer.


798.
Ne pas penser aux actes qui ont pour effet de déprimer l'énergie;
de même ne pas se lier d'amitié avec ceux qui abandonnent dans le malheur.


799.
L'amitié  de ceux qui abandonnent  dans le desastre, brûle le cœur,
lorsqu'on y  pense, même au moment de la mort.


800.
Cultiver l'amitié des hommes purs, abandonner celle des hommes qui ne se conforment pas (aux us et coutumes), même en leur faisant un présent.

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