Friday, 1 July 2005

Chapitres 31 à 38



 Chapitre 31. Ne pas s’emporter


301.
Se garder de la colère, là où elle peut produire effet est méritoire. Qu’importe de prendre ou de perde patience, là où la colère doit échouer?


302.
Là où la colère doit échouer (contre les puissants), s’emporter c’est se faire du mal; là où elle peut produire effet (contre les faibles), il n’est pas de mal pire que la colère. 


303.
Qu’on oublie de s’emporter contre qui que ce soit,
parce que tous les maux viennent de la colère.


304.
Y a-t-il un ennemi autre que la colère qui tue le sourire et l’épanouissements du cœur ?


305.
Si vous voulez vous préserver des maux, préservez-vous de la colère,
sinon la colère vous tuera vous-mêmes.


306.
Le feu tue ceux qui l’approchent; la colère vous détruit ainsi que votre entourage.


307.
Celui qui frappe violemment la terre de sa main, ne peut retirer celle-ci indemne de  douleur; de même, celui qui cultive la colère comme une qualité est assuré de sa destruction.


308.
Quelqu’un vous fait-il du mal, comme la violente flamme d’un grand feu qui brûle? Pouvoir ne pas s’emporter contre lui est bon.


309.
Le pénitent dont le cœur s’abstient de la colère,
obtient de suite tout ce qu’il désire.


310.
Celui qui est prompt à se mettre en colère ressemble à un cadavre;
celui qui a repudié la colère, est égal à celui qui a vaincu la mort.

 Chapitre 32. Ne pas faire de mal


311.
Certes, on peut acquérir la richesse qui procure les honneurs en faisant du mal au prochain. Ne jamais faire de mal au prochain est la qualité des hommes sans tâche.


312.
Ne pas faire de mal en retour, à ceux qui en ont fait par haine,
est la qualité des hommes sans péché.


313.
Répondre par le mal aux ennemis qui vous ont voué la haine bien que vous ne leur ayez fait aucun mal, amène inévitablement la douleur.


314.
Confondre ceux qui vous ont fait du mal, en leur faisant du bien, c’est les punir.


315.
Quelle est l’utilité de l’intelligence, si on ne considère pas le malheur d’autrui comme le sien et si on le répare pas?


316.
Ne pas faire à autrui ce que l’on sait être le mal est digne des accètes.


317.
Ne faire en aucun temps, à qui que ce soit et si peu que ce spit,
volontairement le mal est une vertu capitale.


318.
Pourquoi donc faire aux autres ce que, par expérience,
l’on sait susceptible de faire du mal à sa propre vie?


319.
Si vous faites du mal aux autres le matin,
le malheur vous atteindra de lui-même le soir.


320.
Le mal retombe sur celui qui le fait. Si vous désires vous garder du mal,
ne le faites pas vous-même.

 Chapitre 33. Ne pas tuer


321.
Qu’est ce que l’acte vertueux? C’est ne pas tuer; tuer engendre tous les péchés.


322.
Partager la nourriture entre tous les êtres, se nourrir soi-même, conserver aussi tout ce qui a vie, c’est la principale des vertus indiquées par tous les moralistes.


323.
Ne pas tuer est bon par lui-même; ne pas mentir n’est bon que pour venirensuite


324.
Quel est le meilleur chemin (pour aller au ciel)? Cest celui que l’on suite en ne tuant quelque être que ce soit.


325.
Le plus élevé de tous ceux qui ont renoncé au monde, par crainte d’une autre vie, est incontestablement celui qui n’oublie pas la vertu de ne pas tuer,
par horreur du meutre.


326.
Yaman (dieu de la mort) qui dévore toutes les vies n’a pas de pouvoir sur les jours de celui qui observe la vettu de ne tuer.


327.
Ne jamais commettre le crime de ravir la vie précieuse d’un autre être,
même si cela doit coûter sa propre vie. 


328.
Le profit (spirituel) provenant de l’immolation d’une victime dans un sacrifice est grand et a été recommandé à ceux qui mènent la vie familiale; cependant les Sages pénitents méprisent le profit provenant d’un meutre


329.
Ceux qui font métier de tuer sont aux yeux de ceux qui en connaissent la vileté, de vils professionnels.


330.
Ceux qui connaissant les conséquences des actes humains disent que ceux dont le corps est couvert d’ulcères et qui vivent misérablement de vils métiers, sont ceux qui ont arraché, dans le passé, la vie des être.

 Chapitre 34. De l’instabilité


331.
C’est la dernière des sottises, que de croire que ce qui est instable est stable.


332.
La grande opulence vient, comme vient nombreuse la foule pour assister à une représentation théâtrale; elle s’en va comme la foule qui se dissipe,
quand la représentation a pris fin.


333.
L’opulence est, de sa nature, instable. L’obtient-t-on? Il faut s’empresser de faire de suite, les actes de charité qui s’accomplissent par son moyen.


334.
Le temps a l’apparence d’être mesuré par la jour. En réalité, pour ceux qui le connaissent, il est une scie, dont les dents coupent continuellement la vie.


335.
Les bonnes couvres, sont à être faites en hâte, avant que la langue soit paralysée et que le hoquet survienne.


336.
Ce monde est instable, tel que le font ressortir ces paroles:
‘‘ il fut hier, il n’est plus aujourd’hui’’.


337.
On se sait pas si on vivra au moins un jour, on forme des projets,
plus nombreux que dix millions.


338.
L’oisillon parvenu à maturité abandonne l’œuf dont il est sorti et s’envole:
telle est l’amitié de l’âme pour le corps.


339.
La mort ressemble au sommeil. La naissance ressemble au réveil.


340.
La vie n’a pas de gîte permanent dans le corps, habité par toutes les maladies; elle ne l’habite qu’à titre de locataire.

 Chapitre 35. Du renouncement


341.
Si l’on renonce à un objet quelconque,
celui-ci ne cause aucune douleur au renonçant.


342.
Nombreuses sont les délices qu’obtient naturellement dans cette existence, celui qui renonce à tout. Si on les désire, il faut renoncer au monde.


343.
Il faut abolir les sensations que l’on perçoit par les cinq sens et abandonner radicalement; tous les objets que l’on a amassés, en vue de jouir des cinq sens.


344.
Ne rien posséder est la loi de la pénitence. Posséder un seul objet détruit la pénitence et ramène le vertige.


345.
A celui qui s’efforce d’éviter la renaissance, le corps est de trop.
Qu’adviendra-t-il, s’il désire encore d’autres biens.


346.
Celui qui déracine l’orgueil de dire: ‘‘ Moi, le mien’’ entre dans la région céleste, supérieure au séjour des dieux.


347.
Les douleurs s’attachent à celui qui est rivé à ses attachements et ne le quittent pas.


348.
Ceux qui renoncent définitivement à tout obtiennent leur salut. Les autres sont gagnés par le vertige et sont pris dans le filet (de la renaissance).


349.
Le renoncement détruit instantanément la renaissance;
tout autre moyen se heurte à l’instabilité.


350.
Pour renoncer à tout attachement, il faut suivre la voie du salut,
tracée par Celui qui a vaincu l’attachement et s’y tenir fermement.

 Chapitre 36. Perception du vrai


351.
L’illusion qui fait prendre la chimère pour la réalité,
engendre la naissance sans gloire.


352.
La délivrance de l’illusion, jointe à la vision sereine,
fait éviter l’enfer et procure le salut.


353.
Le ciel est plus prêt d’être gagné que la terre, par celui qui passe du doute à la connaissance du Vrai.


354.
Celui qui ne connaît pas le Vrai ne profite pas de maîtrise des cinq sens.


355.
Connaître, c’est percevoir le Vrai dans chaque chose,
quelle qu’elle soit et de quelque nature qu’elle soit.


356.
Celui qui acquiert en ce monde, la connaissance du Vrai par l’instruction, obtient le moyen de ne pas y renaître. 


357.
Ne croyez pas à la renaissance de celui dont l’esprit s’est recueilli et qui par, méditation et examen, a connu l’Etre qui existe.


358.
La vraie connaissance consiste à percevoir l’Etre pur, cause du ciel et à détruire l’ignorance, cause de la renaissance.


359.
Les douleurs inhérentes à l’homme sont détruites et n’atteindront plus à nouveau,  celui qui perçoit le Refuge de tous créatures et vit libre de tout attachement.


360.
Que les trois (vices): désir, colère et illusion soient détruits;
leurs conséquences néfastes disparaissent.

 Chapitre 37. De l’évulsion du désir


361.
La cause génératrice de la naissance, pour tous les êtres,
en tous les temps, est le désir.


362.
S’il faut faire un souhait, souhaitons la non renaissance.
Celle-ci est assurée par l’évulsion du désir.


363.
Il n’y a pas, de richesse, supérieure en ce monde à l’absence du désir,
ni égale en l’autre monde.


364.
La pureté est l’absence du désir: celle-ci s’obtient par le culte du Vrai.


365.
Ceux que l’on appelle libérés de la renaissance sont ceux qui sont libérés du désir; les autres renaîtront.


366.
C’set le désir qui abuse un chacun; fuir le désir est la vertu.


367.
A celui qui extirpe ses désirs, le salut vient par la voie qu’il désire.


368.
Nulle douleur pour celui qui n’a pas de désir; au contraire, les souffrances s’accmulent sans fin, sur la tête de celui qui a le désir.


369.
Celui qui extirpe le désir, qui est la douleur des douleurs,
jouit du bonheur perpétuel, même ici-bas.


370.
Abandonner le désir qui, de sa nature, est insatiable,
confère sur le champ, l’état inchangeable (la perfection).

 Chapitre 38. De la destinée


371.
La Destinée, productrice de la fortune fait naitre l’effort; la Destinée destructrice de la fortune fait naitre la paresse.


372.
La Destinée productrice de la fortune enrichit l’intelligence,
celle qui est destructive de la fortune affaiblit l’intelligence.


373.
On a beau étudier tout ce qu’il y a d’excellent dans les ouvrages, c’est l’esprit dont on est doué par la Destinée, qui finit par prévaloir.


374.
La nature de la Destinée est double en ce monde: autre chose est d’être riche; autre chose est d’être intelligent.


375.
Pour donner la richesse, (la Destinée) transforme tout bien en mal et tout mal en bien.


376.
Ce que tu converses avec le plus de soin s’en va, si la Destinée ne t’en attribue pas la propriété. Ce qui t’est réservé par la Destinée te reste, même s’il est jeté dehors.


377.
Tu as beau amasser un krore, tu ne peux en jouir,
si le Dispensateur ne t’en a pas donné les moyens.


378.
La pensée de renoncer naît chez les pauvres,
si la Destinée leur épargne leur part des douleurs.


379.
Pourquoi celui qui trouve bons, les plaisirs conférés par la Destinée,
trouve-t-il insupportables, les douleurs causées par elle.


380.
Qu’y a-t-il de plus puissant que la Destinée?
Elle devance tout plan médité (pour la vaincre).

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