LIVRE 3éme
TRAITÉ
DE L'AMOUR
Chapitre
109. Comment sa beauté le torture.
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LUI
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1081.
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Quelle est cette forme qui a
de lourdes boucles d'oreilles? Est-ce une déesse de ce bocage? Ou une
espèce de paon spécialement crée (par Dieu) ou une femme humaine? Mon cœur
est trop troublé pour le dire.
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1082.
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Le regard qu'elle darde à son tour sur
moi a le don d'indiquer qu'elle est une déesse, qui assaillit elle-même
et fait souffrir et qu'elle a aussi amené avec elle,
une armée pour assaillir.
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1083.
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T'ai entendu parler de
l'Exterminateur (Ya men),
mais je ne l'avais pas connu. Je l'ai connu maintenant: II a des yeux qui
livrent un combat violent et avec les qualités féminines: (modestie,
ingénuité, peur et chasteté).
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1084.
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Les yeux de cet être ingénu qui a les
qualités de la femme,
semblent dévorer la vie des hommes qui le voient. |
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1085.
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Est-ce l'Exterminateur, (puisqu'il me
fait souffrir)? Sont-ce des yeux, (puisqu'ils me regardent)? Est-ce une
biche, (puisqu'elle a peur naturellement)? Le regard de cette femme a ces
trois qualités.
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1086.
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Si les cruelles paupières voilent ses
yeux, ceux-ci ne me causeront pas les douleurs qui me font trembler.
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1087.
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Le vêtement qui couvre les seins fermes
de cette femme, ressemble à l'oeillère d'un éléphant eu furie.
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1088.
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Son front brillant a annihilé, à lui
seul, ma force, qui fait trembler les ennemis qui ne m'ont pas affronté sur
le champ de bataille, mais qui en ont entendu parier.
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1089.
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Alors
que son regard, ingénu comme celui de la biche et sa modestie lui sont une parure naturelle, de quelle utilité sont donc ces
parures artificielles?
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1090.
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Le vin fait les délices de celui qui le
goûte et non, comme l'amour,
de celui qui voit (simplement). |
Chapitre
110. Sens des signes
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1091.
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Ses
yeux peints ont deux regarda, dont l'un me cause la douleur, mais dont
l'autre constitue un remède à cette douleur.
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1092.
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Le regard furtif que ses yeux dardent sur
moi, a la dérobée, n'est pas seulement la moitié de la volupté de l'union, il
est plus (que la moitié).
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1093.
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Elle m'a regardé avec affection et a
courbé la tête, par honte. Ce geste est l'eau qu'elle a versée, à la jeune
plante qu'est notre amour.
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1094.
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Lorsque je la regarde, elle a les yeux
fixés sur le sol. Lorsque je ne la vois pas, elle me regarde et se réjouit
intérieurement.
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1095.
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Non seulement elle ne me regarde pas
directement, mais aussi elle semble fermer un œil pour se réjouir
intérieurement.
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1096.
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Extérieurement elle parle comme une
étrangère, l'amoureux comprend vite que ses paroles dures émanent d'un cœur
qui ne hait pas, mais qu'elles traduisent un obstacle à son amour.
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1097.
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Le langage sévère et le regard furieux
des yeux, qui semblent afficher la haine, sont les signes des amants qui
(pour le public) se comportent en étrangers.
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1098.
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Mon regard l'apitoie et la fait sourire
doucement. Dans ce sourire apparaît un bon signe, de la part de celle oui
résiste.
LA
COMPANE
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1099.
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Le regard indifférent, de ceux qui ne se
sont connus auparavant, apparaît chez ces amants.
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1100.
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Lorsque les yeux s'unissent aux yeux par
les regards, les paroles sont inutiles.
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Chapitre
111. Volupte de l’union.
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LUI
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1101.
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La
volupté des cinq sens : vue, ouïe, odorat, goût et toucher a été ressentie
simultanément, chez celle-ci aux brillants bracelets.
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1102.
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Le remède a les qualités opposées à
celles de la maladie; (il en va autrement) de celle qui porte cette belle
toilette. Elle est elle-même le remède à la maladie (d'amour) qu'elle cause.
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1103.
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Peut-on obtenir sans souffrance les
délices du monde de celui qui a les yeux de lotus (Vichnou
qu'atteignent ceux qui ont maitrisé les gens),
comme celles dont on jouit, en dormant sur les bras délicats de celle
que l'on aime ?
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1104.
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Dans quel monde s'est-elle donc procuré
ce feu étrange qu'elle me communique, qui brûle l'orsqu'elle
s'éloigne et rafraîchit,
lorsqu'elle approche ? |
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1105.
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Les bras de celle dont la chevelure est
pleine de fleurs ont le don de me causer instantanément, chaque délice que je
désire, quel qu'il soit.
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1106.
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Les bras de cette jeune ingénue sont
faits d'ambroisie palpable, parce que par le simple attouchement, ils
raniment ma vie qui dépérissait,
faute de la posséder. |
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1107.
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L'union de cette fille jolie produit la
même volupté que celle éprouvée par le père de famille qui, après avoir servi
aux hôtes dans sa maison, tout ce qui avait été acquis par ses efforts, se
nourrit de sa part.
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1108.
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L'union, qui ne s'était jamais produite
auparavant et qui ne souffre même pas l'air entre eux. donne la volupté aux
deux amants.
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1109.
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Bouder, se réconcilier et s'unir: tel est
le profit qu'obtiennent les amants,
qui se livrent constamment à l'amour. |
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1110.
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Plus on apprend dans les livres et à
l'aide d'une fine intelligence, plus on sent son ignorance antérieure; plus
l'union avec cette jeune fil, le ornée d'or rouge, se repète,
plus l'amour pour elle est avivé.
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Chapitre
112. Eloge des qualités.
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LUI
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1111.
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Vivo,
fleur Anistcha ! ta bonne nature l'emporte sur
celle de toutes les fleurs; cependant celle que j'aime est d'une nature,
encore plus délicate que la tienne.
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1112.
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0 mon cœur ! Croyant que les yeux de
celle ci (que seul je vois) ressemblent aux fleurs que tout le monde
voit, tu n'a pas été troublé par l'aspect des
fleurs! (Comment donc est ton intelligence?)
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1113.
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De celle-ci les bras sont longs comme le
bambou, la couleur est celle de la tendra feuille, les dents sont semblables
aux perles l'odeur ressemble à l'arôme enivrante du parfum et les yeux peints
sont perçants
comme la flèche.
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1114.
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Si les fleurs "COUVALEY"
(violettes) ont la propriété devoir, elles baisseront la tête, par honte de
ne pouvoir égaler, en beauté, les yeux de cette femme, parée d'éclatants
bijoux et auront leur regard fixé sur le sol.
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1115.
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Sans penser à sa délicatesse elle s'est
parée de fleurs " ANISTCHA " non séparées de leur pétiole. Hélas!
sa hanche va ployer sous leur fardeau
!
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1116.
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Ne pouvant distinguer leur lune (malgré
sa grosseur) d'avec la face de ma dame, les corps célestes troublés se sont
écartée de leur sphère et vaguent.
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1117.
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(D'où vient lenr
trouble)? La lune décroit jusqu'à cesser d'être
visible. Elle croit ensuite. pour atteindre la plénitude de son éclat 1
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1118.
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Vive la lune 1 Si tu as la propriété de
luire comme le visage de cette femme, tu mériteras mon amour.
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1119.
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O Lune ! Situ dois égaler la
face de celle dont les yeux sont semblables aux fleurs, ne te lève pas pour
apparaître à tous, mais seulement à moi.
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1120.
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La fleur " ANISTCHA " et le
duvet dû cygne sont à la plante des pieds des femmes, ce que sont les épines
du fruit "NERINDJI" (croix de chevalier)
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Chapitre
113. Glorification
de l’amour.
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LUI
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1121.
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L'humeur
sécrétée par les glandes placées, sous la gencive (de cette jeune fille) aux
paroles tendres, a la saveur exquise du mélange du lait et du miel.
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1122.
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L'amour
que j'éprouve pour cette fille ingénue est identique à l'amour de l'âme et du
corps.
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1123.
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Va-t-en toi, image qui te trouves
dans la pupille de mes yeux ! Sinon, il n'y a pas de place pour celle au joli
front que j'aime !
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1124.
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Celle qui est parée de bijoux choisis,
lorsqu'elle s unit à moi, est comme ma vie, qui vit unie au corps;
lorsqu'elle se sépare de moi elle est comme la mort (qui sépare la vie d’avec
la corps).
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1125.
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Si j’oubliais les qualités de cette jeune
fille aux yeux étincelants et qui combattent toujours; je m'en souviendrais
! Mais je n'ai jamais connu cet oubli ! (Donc je n'ai pas connu
non plus ce souvenir).
ELLE
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1126.
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Que celles qui croient que celui qu'elles
ne voient pas est parti au loin, croient ainsi. Mon amant ne s'en va jamais
de mon œil. ni ne souffre, lorsque je clignote. Tant il est subtil, mon
amant !
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1127.
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Mon amant est dans mes yeux. Pour ne pas
le perdre de vue, même un instant (que dure la peinture), je no peins pas mes
yeux.
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1128.
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Mon amant est dans ma gorge. Aussi
me garde-je de prendre une nourriture chaude, de peur que celle ci ne l'y
brûle.
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1129.
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Sachant que mon amant qui est dans mon
œil, se cache lorsque celui-ci se ferme, je ne fermerai pas l'œil. Voilà
pourquoi, cette ville dit qu'il est cruel, (parcequ'il
m'em pêche de dormir).
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1130.
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Il demeure toujours délicieusement
dans mon for intérieur. (Ignorant ce fait), cette ville dit qu'il ne m'aime
pas (parce qu'il m'a quittée).
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Chapitre
114. Abandon de la honte.
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1131.
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A
ceux qui se sont délectés à l’amour et qui, séparés, sont torturés par cette passion,
il n’y a pas de ressource plus efficiente,
que le faisceau de branchages de palmier. |
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1132.
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Ne pouvant supporter cette torture, le
corps et l’âme ont le courage d’enfourcher (le cheval de) branchages de
palmier,
en abandonnant la honte. |
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1133.
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J’avais auparavant la pudeur et une forte
virilité. Et puisque ma passion les repudie je n’ai
aujourd’hui que le faisceau de branchages de palmier sur lequel montent les
amoureux.
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1134.
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La tempête de l’amour a emporté loin de
moi, le radeau destiné à me passer et que constituaient ma pudeur et ma
virilité.
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1135.
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Je ne connaissant pas les tortures que
yeux éprouvent le soir et le faisceau de branchages de palmier. Celle qui porte
de petits bracelets, qui se suivent comme les fleurs d’une guirlande, me les
a donnés,
(parce que je pense toujours à elle.) |
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1136.
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Naïf que je suis ! Mes yeux me
refusent le sommeil (à cause de mon amante). C’est pourquoi même minuit, je
pense au faisceau de branchages de palmier, sur le quel je dois monter.
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1137.
|
Il n’y a pas de naissance plus grandiose
que celle de la personne du sexe feminin qui, bien
que souffrant de la maladie de l’amour,
lequel n’a pas de bornes comme l’océan, ne monte cependant pas sur le faisceau de branchages de palmier. |
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1138.
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Sans compter que l’on ne peut impunément
manquer de respect à ceux qui ont la plénitude de la sagesse et sans
considérer qu’ils peuvent beaucoup accorder, l’amour de cette jeune fille, au
lieu de se cacher d’eux, a été jeté en pâture (à la malignité
publique).
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1139.
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Je vivais d’une vie discrète et cachée;
aussi personne ne me connaissant et au lieu de continuer cette vie, je me
suis décidé à me produire dehors pour me faire connaître. Mon amour, pris de
vertige, tournoie dans les rues de cette ville.
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1140.
|
Les imbéciles se rient de moi. de manière
non seulement à être entendus mais aussi à être vus de moi, parce qu'ils
n'ont pas souffert de la maladie dont je souffre.
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Chapitre
115. Faire connaître le bruit public.
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LUI
A LA COMPAGNE
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1141.
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Parce
que l'amour (qui existe entre ta Dame et moi) est connu du Public, la
précieuse vie reste en moi, (qui m'attriste de ne pas l'obtenir), comme si je
l'ai obtenue. Je le sais grâce à Dieu, mais les diffamateurs l'ignorent.
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1142.
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Ignorant les difficultés qu'il y a
d'obtenir cette (jeune fille) dont les yeux ressemblent aux fleurs, cette
ville l'a diffamée et me l'a, grâce à cette clameur, donnée (à bon
compte).
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1143.
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La
rumeur diffamatoire de cette ville, qui a connu notre union secrète, est de
nature à me faire obtenir cette union, si je ne l'avais pas obtenue.
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1144.
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Mon amour s'est développé par la clameur
publique. A défaut de celle-ci, il aurait perdu sa force et se serait
étiolé.
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1145.
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Boire du vin est délicieux aux ivrognes,
toutes les fois qu'ils sont gais. De même l'amour m'est plus
délicieux, toutes les fois qu'il est ébruité.
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ELLE
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1146.
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Une seule fois j'ai vu mon amant. Le
bruit s'en est répandu partout, comme lorsque le serpent dévore la lune.
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1147.
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La plante qu'est cette maladie d'amour
croît, fertilisée par l'engrais qu'est la clameur des gens de la ville et
arrosée par l'eau que sont les semonces de ma mère, (qui a entendu le potin
de la ville).
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1148.
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Penser étouffer l'amour par
l'ébruitement, c'est penser éteindre le feu, avec du
beurre clarifié.
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1149.
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Celui qui m'a dit, lorsque je l'ai
rencontré: " N'aie crainte, je ne me séparerai pas de toi,"
doit-il, aujourd'hui que noua nous sommes conduits de manière à faire honte à
ceux qui nous ont surpris dans l'isolement, reculer, devant la honte causée
par la clameur publique?
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1140.
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Cette ville elle-même pousse la clameur
que j'ai ci-devant tant désirée, pour partir ensemble. Désormais mon
amant en fera son profit, si je le lui demande.
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Chapitre
116. Angoisse de la séparation.
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LA
COMPAGNE À LUI
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1151.
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Annoncez-moi
la nouvelle que vous ne vous séparerez pas de nous; au contraire, annoncez
(la nouvelle de) votre prompt retour (après la séparation), à ceux qui
survivront alors.
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ELLE
À LA COMPAGNE
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1152.
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(Lorsque je me tenais derrière lui, ornée
de guirlande de fleurs et de feuilles), son regard à lui seul
faisait mon délice parce qu'il traduisait son désir de l'union).
Maintenant cette union même m'attriste, par ce qu'empreinte de la crainte de
la séparation.
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1153.
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Il m'a été difficile de
me convaincre de la sincérité de sa protection et de son amour, (une
fois que la séparation s'est produite entre moi et lui, qui se rappelle sa
promesse de non séparation et qui connaît l'angoisse
que
j'éprouvrai de la séparation.)
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1154.
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Le premier jour que nous nous sommes
rencontrés, il m'a promis la protection, en disant: “Naie
crainte. Du courage!" S'il se sépare ensuite, (la faute n'en est-elle
pas à lui ? Ai-je eu tort d'avoir ajouté foi à ses paroles?)
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1155.
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Si tu veux sauver ma vie, empêche le
maître de ma vie de partir. S'il s'en va, ma vie partira avec lui et il me
sera impossible ensuite de m'unir à lui.
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1156.
|
Si lui, qui connaît l'ardeur de mon
amour, a la cruauté de me dire en face: "Je pars !", il Me
faut abandonner l'espoir qu'un tel homme, ayant pitié de mes transes,
reviendra ma protéger ensuite.
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1157.
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S'il a de l'inimitié pour moi? Les
bracelets, qui m'ont glissé du poignet parce qu'ils ont pressenti son départ
(sans qu'il le leur ait annoncé), ne m'ont-ils pas révalé
son départ? Faut-il que tu m'annonces (son départ) sur son indication ?
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1158.
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Vivre dans une ville étrangère, loin des
compagnes, qui comprennent les signes, est une souffrance. Etre séparée de
son amoureux Est une souffrance encore plus vive.
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1159.
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Le feu brûle celui qui le touche. A-t-il
la propriété de brûler,
comme l'amour, celui qui s'en éloigne ? |
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1160.
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(Tu dis vrai!) Nombreuses sont celles qui
supportent l'avis de la séparation, qui y consentent même, qui endurent
la douleur de la séparation, et qui y survivent en se faisant à la solitude.
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Chapitre
117. Le dépérissement.
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ELLE
À LA COMPAGNE
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1161.
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Do
honte, j'ai caché ma douleur; mais elle augmente d'intensité, telle l'eau de
la source que l'on épuise et qui jaillit de plus en plus.
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1162.
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Je ne suis pas en état de cacher mon mal
d'amour (aux autres). Le faire révéler à celui qui me l'a causé, me fait
honte. (Que vais-je faire)?
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1163.
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Le mal d'amour et la honte (de ne pouvoir
le révéler à celui qui l'a causé) sont suspendus dans mon corps, comme deux
poids, suspendus aux bouts d'une perche et mon corps ne peut les supporter.
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1164.
|
De ces deux maux communs à toutes, c'est
encore le mal d'amour que j'éprouve le plus. Il est comme un océan et pour le
franchir, je n'ai pas une barque sûre.
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1165.
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Celui qui me fait souffrir dans l'amour,
que ne me fera-t il pas s'il est ennemi? |
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1166.
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La volupté que l'amour donne dans l'union
est grande comme l'océan; mais la douleur qu'il cause
pendant la séparation,
est plus grande que l'océan. |
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1167.
|
Ce n'est pas que je ne nage pas dans la
mer orageuse de l'amour,
je nage; mais je n'aperçois pas le rivage. Il est minuit; je reste seule livrée à moi-même et je ne suis pas encore morte ! |
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1168.
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Cette nuit a été affectueuse pour moi.
Elle a endormi tous les êtres vivants, mais n'a eu que moi, pour compagne.
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1169.
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Les nuits qui étaient courtes (lorsque je
jouissais de la volupté de l'amour avec mon mari), s'écoulent lentement,
maintenant (que je souffre de sa séparation). Elles sont plus cruelles que
mon cruel mari.
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1170.
|
Si mes yeux, comme mon cœur, ont le
pouvoir de se rendre promptement là où il est, ils ne peuvent traverser par
la nage,
la mer de leurs propres larmes. |
Chapitre
118. La consomption des yeux causée par le
désir ardent de voir le mari. |
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|
ELLE
À LA COMPAGNE
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1171.
|
Je
souffre de ce mal d'amour incurable, parce que mes yeux m'ont montré (mon
amoureux). Aujourd'hui, ils pleurent (en me demandant de le leur montrer) ; à
quoi pensent-ils donc?
|
|
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1172.
|
Pourquoi mes yeux peints, qui ont alors
regardé (avidemment mon mari sans examiner ni
savoir ce qui pouvait arriver), souffrent-ils aujourd'hui, sans
comprendre que c'est une douleur qu'ils se sont créée eux-mêmes et qu'en
conséquence» ils doivent la supporter?
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|
|
1173.
|
Ce sont mes yeux qui se sont empressés
eux mêmes de voir (ce jour mon mari), ce sont encore eux qui pleurent
aujourd'hui. Cette conduite insensée mérite que j'en rie.
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1174.
|
En plaçant devant moi cette douleur
ininterrompue, qui causera ma mort, mes yeux peints sont taris de larmes, de
manière à ne pouvoir pleurer.
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|
1175.
|
Mes yeux, qui m'ont causé ce mal d'amour
dont l'intensité rend (proportionnellement) plus petite l'étendue de l'océan,
sont atteints. grâce à ce mal, de l'insomnie et souffrent eux-mêmes.
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1176.
|
Oh ! u'il m'est doux de constater,
que mes yeux, qui m'ont causé ce mal d'amour, souffrent eux-mêmes de
l'insomnie et pleurent !
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1177.
|
Que mes yeux qui ont désiré ardemment,
qui se sont empressés de voir et qui ont vu sans cesse (mon mari) souffrent,
souffrent aujourd'hui, du mal de l'insomnie et tarissent de larmes.
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1178.
|
Il y a ici des femmes qui n'aiment pas
avec le cœur mais seulement par paroles. A quoi est bonne leur existence du
moment que leurs yeux qui ne voient pas le mari. ne connaissent pas le repos.
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1179.
|
Mes yeux ne dorment pas, lorsque mon
amant ne vient pas. Ils ne dorment pas non plus lorsqu'il vient, par crainte
de la séparation.
Dans les deux cas, ils souffrent d'une douleur insupportable. |
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1180.
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Il n'est pas difficile aux gêna de cette
ville, de découvrir le secret enterré dans le cœur de celles, qui comme moi.
ont des yeux, qui sont un tambour qui ne résonne pas.
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Chapitre
119. Lamentations sur la pâleur.
|
|
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1181.
|
A
qui me plaindre de ma pâleur (causée par la douleur de la séparation) moi,
qui ai consenti à la séparation de mon amant,
trompée par ses cajoleries.
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ELLE
À LA COMPAGNE
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1182.
|
(Je supporte ma douleur,) mais, par excès
de la vanité qu'elle a été causée par mon amant, cette pâleur envahit tout
mon corps.
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1183.
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Il m'a ravi ma beauté et ma pudeur, (au
moment de la séparation), en me donnant en échange, cette maladie d'amour et
cette pâleur.
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1184.
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Je me rappelle ses paroles, je célèbre
par la langue ses bonnes qualités.
A ce moment même, cette pâleur m'a envahie par traîtrise. |
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1185.
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Ce jour-là, mon amant est parti là-bas et
c'est ici, que la pâleur m'a atteinte.
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1186.
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Telle l'obscurité qui guette la langueur
de la lampe pour approcher, telle la pâleur a guetté la cessation de l'union,
pour m'approcher.
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1187.
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Jadis, un jour j'ai embrassé mon amant:
je m'en suis séparée par mégarde, un instant. La pâleur a profité de cet
instant pour s'emparer de moi, comme pour me ravir.
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1188.
|
On me blâme, en disant: "elle a
pâli, ne pouvant supporter la séparation“; mais il n'y a personne, pour lui
reprocher de m'avoir abandonnée.
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1189.
|
Peu importe que mon teint pâlisse, ma
chère, si tu crois que celui qui m'a fait consentir (à cette séparation) est
revenu à de meilleures intentions !
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1190.
|
Ceux qui ne blâment pas la cruauté de
celui qui s'est uni à moi, avec des paroles trompeuses. me font du bien, en
me reprochant ma pâleur.
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Chapitre
120. Souffrance de l'amour non partagé.
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ELLE À LA COMPAGNE
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1191.
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Celles qui ont le bonheur d'être
réellement aimées de leurs amants,
obtiennent le fruit, sans noyau, de l'amour. |
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1192.
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La tendresse que témoignent sincèrement
les amants qui ne souffrent pas la séparation, à celles qui ne peuvent pas
vivre séparées d'eux, est la même que celle que la pluie témoigne aux êtres
qui vivent, en mettant tout leur espoir en elle.
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1193.
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La vanité de vivre heureuses convient à
celles-là seules, qui sont aimées réellement par leurs amants.
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1194.
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Elles ont le mauvais destin en partage,
celles qui, même jouissant de l'estime des femmes chastes, ne sont pas aimées
des amants qu'elles chérissent.
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1195.
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Quelles délices me procurera mon amant, s'il ne me rend pas l'amour que j'ai
pour lui !
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1196.
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Si l'amour n'est pas partagé, il fait
souffrir: au contraire, si comme les poids attachée aux extrémités d'une
perche qui se font équilibre, il est partagé, il donne la félicité.
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1197.
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Le dieu do l'amour qui n'assaillit qu'un
des deux (homme ou femme) ne connaît donc pas la maladie et l'excès de
souffrance de celui qu'il assaillit?
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1198.
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Personne n'est aussi courageux que la
femme qui supporte la séparation,
sans même avoir un mot aimable de son amant. |
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1199.
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Mon
amant ne m'aime pas? Soit, mais n'importe la quelle de ses paroles est
délicieuse à mon oreille !
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1200.
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Vive
mon cœur qui raconte tes misères à celui qui ne t'aime pas ! II t'est
difficile de supporter la douleur? Efforce-toi de combler la mer de tes
souffrances: (cela te sera plus facile).
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