Friday, 1 July 2005

Chapitres 1 à 10


LIVRE 1
TRAITÉ DE LA VERTU

Chapitre 1. Louange de Dieu


1.
Toutes les lettres ont pour principe ‘A’ ;
l’univers a pour principe l’Etre Primitif.


2.
A quoi sert le savoir, si l’on n’adore pas les pieds
de Celui qui a la vraie Connaissance parfaite.


3.
Ceux qui se réfugient aux pieds glorieux de Celui qui est descendu dans la fleur vivront éternellement au ciel bienheureux, supérieur à tous les mondes.


4.
Ceux qui se sont unis aux pieds de Celui qui n’a ni désir, ni aversion, ne souffriront jamais des douleurs inhérentes à la naissance.


5.
Les deux fruits de l’illusion (le bien et le mal) n’approchent pas ceux qui célèbrent la vraie gloire du Seigneur.


6.
Vivront éternellement ceux qui se tiennent dans la vraie ligne de conduite de Celui qui a consumé les cinq passions, procurées par les sens.


7.
Autres que ceux qui se sont réfugiés aux pieds de Celui qui n’a pas d’égal, ne peuvent éviter les inquiétudes de l’esprit.


8.
Autres que ceux qui se sont attachés aux pieds du Sage qui est l’océan de la vertu ne peuvent traverser les mers orageuses distinctes de ce dernier (richesses et plaisirs des sens).


9.
Tout comme les organes des sens sans virtualité, la tête qui ne s’est pas inclinée aux pieds de Celui qui est doué des huit attributs’ est sans valeur.


10.
Ceux qui se sont réfugié aux pieds du Seigneur franchissent le grand océan des naissances; les autres ne peuvent le franchir.

Chapitre 2. Eloge de la pluie


11.
Parce que la terre se soutient, grâce â la pluie qui tombe continuellement, la pluie mérite le no, d’ambroisie.


12.
Non seulement la pluie procure la meilleure nourriture à tous les êtres, mais aussi elle se constitue leur meilleur aliment.


13.
Si la pluie vient à manquer, la faim demeurera constante sur cette vaste étendue de terre même entourée du vaste océan et tourmentera les êtres vivants.


14.
Les laboureurs ne labourent pas à l’époque où la source de la pluie trait.


15.
C’est donc la pluie ruine (par sa rareté) c’est encore elle qui ranime ce qui est ruiné, par son bienfait.


16.
Là où l’on ne voit pas tomber des nues les gouttelettes d’eau, il est rare de voir pousser l’herbe tendre.


17.
Même l’eau de l’immense océan perdait son volume si le nuage perdant sa densité ne se resolvait pas en pluie qui y tombât.


18.
Si la pluie ne tombe pas, les hommes ne célèbreront pas de fêtes en ce monde en l’honneur des habitants du ciel et ne leur offriront pas de sacrifices.


19.
La charité et l’austérité disparaitront de cette vaste terre, si le ciel n’y envoie pas de pluie. 


20.
Rien en ce monde n’est possible à qui que ce soit, sans l’eau. Tout dépend donc du ciel qui fait pleuvoir continuellement.

           Chapitre 3. Grandeur de ceux qui ont renoncé au monde


21.
Les Ecritures exaltent au dessus de tout autre Bien la grandeur de ceux qui ont renoncé au monde et mènent une vie de discipline.


22.
Tenter d’évaluer la grandeur de ceux qui ont renoncé au monde, c’est tenter de dénombrer les morts ici-bas.


23.
La grandeur de ceux qui, après avoir pesé et compris l’essence des deux attributs (plaisir et douleur) de la vie, ont embrassé l’ascétisme l’emporte sur tout ici-bas.


24.
Celui qui, grâce au croc de l’energie, protège les cinq (sens) est une semence pour le champ meilleur du Ciel.


25.
La puissance de celui qui détruit en lui les cinq (passions produites par les sens) q été attestée par Indra lui-même, Roi des vastes régions célestes.


26.
Les grands d’entre les hommes font seuls, ce qu’il est difficile de faire (le domptage des sens) ; les faibles en sont incapables.


27.
Le monde appartient à celui qui examine et connaît la nature des cinq (sensations) qui sont appelés : la saveur, la lumière, l’attouchement, le son et l’odeur.


28.
La grandeur des ascètes dont les paroles sont riches de sens est mise en évidence par l’efficacité même des prières récitées en leur honneur.


29.
Il est  impossible de résister même une seconde, à la colère des
réligieux qui se tiennent sur la colline des qualités, (renoncement,
vraie connaissance et absence du désir). 


30.
Ceux qui sont appelés andanars, à cause de leur conduite, pleine de vraie compassion pour tout ce qui a vie, ne sont autres que les ascètes.

Chapitre 4. Encouragement à la vertu


31.
Quel plus grand bien à la vie humaine que la vertu? Elle donne la grandeur, elle donne la richesse.


32.
Rien qui donne la grandeur comme la vertu.
Quel plus grand mal que l’oublier !


33.
Que l’on pratique donc la vertu sans cesse, partout et par tous les moyens possibles.


34.
Qu’il (celui qui pratique la vertu) devienne sans tâche selon sa conscience!  c’est là tout l’effet de la vertu. Le reste n’est que vanité.


35.
Reprimander sans répit, les quatre maux: l’envie la convoitise, la colère et les paroles dures, c’est pratiquer la vertu.


36.
Pratiquer la vertu, sans penser qu’il sera temps de la pratiquer
au moment de la mort. Lorsque l’âme se détache du corps,
son compagnon indestructible est la vertu ainsi pratiquée.


37.
Point n’est besoin de faire connaitre le profit de la vertu; on le constate chez celui qui porte le palanquin (chaise à porteur) et chez celui qui y est assis.  


38.
La vertu pratiquée tous jours, sans qu’il y en ait un de perdu, est la pierre qui ferme le chemin des naissances futures.


39.
Le vrai bonheur vient de la vertu; tout le reste
est douleur et indigne d’éloge.


40.
Ce qui peut être fait à autrui est le bien.
Ce qui ne peut lui être fait est le mal.

Chapitre 5. La vie familiale


41.
Le chef de famille le ferme soutien des (hommes des) trois autres
clases qui ont renoncé au monde (étudiant, anachorète et ascète)
en ce qu
’il les aide à persister dans leur bonne voie.


42.
Celui qui vit de la vie de famille est le soutien de ceux qui ont renoncé
au monde, des miséreux et de ceux qui sollicitent la charité.


43.
S’acquitter sans jamais y manquer des cinq devoirs suivants: offrir
des oblations aux mânes des ancêtres, faire des sacrifices aux
dieux, soigner les hôtes, obliger ses parents et s’occuper de
soi-même: telle est la vertu glorieuse du chef de famille.


44.
Si le chef de famille mène sa vie, en redoutant la malhonnêteté dans l’acquisition de la richesse et en prenant ses repas, après avoir distribué la richesse ainsi acquise, (aux personnes pré désignées), sa descendance ne déclinera jamais.


45.
La vie domestique remplie d’amour
et de charité est parfaite et utile.


46.
Si la vertu est pratiquée dans la vie familiale, quel
avantage y a-t-il d’efforcent de vaincre les sens.


47.
Celui qui remplit les devoirs de la vie familiale est le plus grand de tous ceux qui s’efforcent de vaincre les sens.


48.
Il y a plus de mérite au sein de la famille si l’on aide les religieux et si on pratique soi-même la vertu, que dans la vie ascétique.


49.
Qu’appelle-t-on vertu?  La vie familiale. La vie ascétique n’est bonne que si elle n’est pas blâmée par autrui.


50.
Celui qui mène la vie familiale, bien qu’il vive sur terre,
est considéré comme un des dieux qui habitent le ciel.

 Chapitre 6. Bien fait de la Compagne


51.
Est compagne, l'épouse qui, unit aux bonnes qualités et conduite inhérentes à la vie familiale, le talent de proportionner les dépenses aux revenus de son mari.


52.
Si l'épouse n'a pas les qualités et conduite d'une bonne ménagère,
la vie familiale quelque prospère qu'elle puisse être, n'est pas heureuse.


53.
Si l’épouse est vertueuse, que manque-t-il au mari?
Et si elle ne l’est pas, que reste-t-il au mari.


54.
Quel bien meilleur pour un homme, qu’une épouse, infailliblement chaste?


55.
Que l’épouse qui, sans adorer Dieu, adore seulement son mari,
dise à son réveil: ‘‘qu’il pleuve’’, il pleuvra. 


56.
Celle qui se garde jalousement, qui prend soin de son mari et
qui contribue à leur reputation commune, voilà la femme! 


57.
A quoi sert la garde des femmes dans le gynécée?
La vigilance gardienne de la chasteté de l’épouse est la meilleure.


58.
Les épouses qui honorent leur mari seront fort honorées dans le ciel habité par les Dévas.


59.
A ceux dont les épouse ne désirent pas la bonne renommée,
fait défaut la démarche haute du lion, devant leurs détracteurs.


60.
Avoir une épouse vertueuse est, dit-on, un bien;
avoir de bous enfants est l’ornement de ce bien.

 Chapitre 7. Procréation des fils


61.
De tous les bonheurs, nous ne connaissons pas de plus
grand que celui d’avoir des enfants doués de discernement.


62.
Celui qui a des enfants à caractère irréprochable ne sera
pas atteint par le malheur, dans ses sept naissances.


63.
Les enfants sont dit-on, la richesse du père, parce qu’ils lui transfèrent,
par leurs actes, méritoires tous les Biens qu’ils acquièrent.


64.
La bouillie préparée par leurs petites mains est plus délicieuse que l’ambroisie.


65.
Toucher le corps des enfants fait les délices du corps,
entendre leurs paroles fait les délices de l’oreille.


66.
Ce sont ceux qui n’ont pas entendu le babillage de leurs enfants qui disent: ‘‘la flute est douce ‘‘la lyre, est douce.’’


67.
Le Bien que fait le père à son enfant, c’est de le rendre habile à tenir le premier rang dans l’assemblée.


68.
L’érudition des enfants est plus agréable à tous les autres êtres qu’à soi-même.


69.
La joie de la mère qui entend proclamer (par les connaisseurs) le savoir de son enfant est plus grande que celle qu’elle a éprouvée, le jour où elle lui a donné naissance.


70.
La reconnaissance de l’enfant envers son père consiste à faire dire:
‘‘Par quelles austérités, ce père a-t-il pu obtenir un tel fils.

 Chapitre 8. L’affection


71.
Y a-t-il une targette pour cacher l’affection? Les douces larmes de ceux qui aiment (en voyant la douleur de l’être chéri) révèlent l’affection intérieure.


72.
Tout ce que possèdent ceux qui n’aiment pas leur appartient ! chez ceux au contraire, qui aiment, tout appartient au prochain, jusqu’à leurs corps.


73.
On dit que l’union de l’âme et du corps est un effet de l’affection.


74.
L’affection (envers l’épouse et las enfants) engendre le désir (d’aimer le prochain) et procure la gloire incommensurable de l’amitié.


75.
La gloire que l’on acquiert au ciel est, dit-on, l’effet de l’affection que l’on a témoignée dans la vie familiale.


76.
Les ignorants soutiennent que l’affection est la compagne seulement de la vertu; elle aide aussi à éviter le péché.


77.
De même que le soleil consume les invertébrés,
la vertu consume ceux qui n’ont pas d’affection.


78.
La vie familiale, quand il n’y a pas d’affection dans le cœur, ressemble aux arbres désséchés du désert qui bourgeonnent.


79.
De quelle utilité peuvent être les autres organes extérieurs à ceux qui n’ont pas d’affection dans le cœur.


80.
Le corps où s’épanouit est vivant, mais le corps sans affection est un squelette recouvert du derme.

 Chapitre 9. L’hospitalité


81.
C’est pour bien accueillir les hôtes et leur être utiles, que l’on vit avec son épouse dans la maison familiale et que l’on converse les Biens.


82.
Goûter même le breuvage qui donne l’immortalité, en laissant les hôtes hors la maison est un acte indésirable.


83.
Le chef de famille qui, honore tous les jours, les hôtes qui viennent à lui, ne souffre pas de la misère et ne se ruine pas.


84.
La déesse (Latchoumi) habite avec plaisir la maison de celui qui accueille et honore avec la mine rejouie, les hôtes dignes. 


85.
Les champs de celui qui satisfait d’abord les hôtes et ne prend que la nourriture qui reste, ont-ils besoin d’être ensemencés.


86.
Celui qui, après avoir servi les hôtes qui sont arrivés, en attend d’autres pour manager avec eux, devient un hôte honorable pour les habitants du Ciel.


87.
Il n’y a pas de mesure pour évaluer le mérite de l’acte hospitalier.
Seul l’honorabilité de l’hôte est la mesure du sacrifice.


88.
Ceux qui ne pratiquent pas l’hospitalité et ne savent pas gagner le mérite de ce sacrifice, se plaindront un jour d’avoir perdu la richesse qu’ils ont acquise et jalousement conservée.


89.
Le malheur de ceux qui possèdent, c’est le sot dédain du devoir de l’hospitalité: et ce malheur est le lot des ignorants.


90.
La fleur ‘‘Anitsa’’ se flétrit lorsqu’on la sent. Ainsi le visage des hôtes pâlit, lorsqu’on les regarde d’un regard farouche.

 Chapitre 10. Douceur de language


91.
Les paroles douces sont celles des hommes qui abordent affablement et qui pratiquent la vertu de parler sans dissimulation.


92.
Il vaut mieux recevoir, le visage souriant et avec des paroles obligeantes, que donner généreusement à quelqu’un (tout ce qu’il lui faut.)


93.
La vertu consiste à avoir (lorsque la rencontre se fait) l’air avenant, le regard gracieux, puis à dire du fond du cœur, des paroles agréables.


94.
La misère qui engendre les souffrances n’atteint jamais ceux dont les paroles douces rejouissent tout le monde.


95.
Respecter, parler avec douceur: voilà la parure de l’homme;
il n’en est pas d’autre.


96.
Les péchés diminuent et la vertu augments chez celui qui, cherchant les mots qui fassent du bien aux autres, parle avec douceur.


97.
Les paroles serviables et douces procurent la justice et la vertu. 


98.
Les paroles douces et à l’abri de toute bassesse, procurent le bonheur en ce monde et dans l’autre.


99.
Quel est l’avantage escompté par celui qui voit les douces paroles causer du charme et qui emploie cependant des paroles dures?


100.
Se servir de paroles dures, alors que l’on sait employer des paroles douces, c’est manger des fruits verts, quand on en a de mûrs.

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