Friday 1 July 2005

Chapitres 101 à 108



Chapitre 101. Richesse inutile.


1001.
Celui qui a acquis une immense richesse, de manière à en remplir toute sa maison et qui n'en jouit pas par avarice, n'a aucun droit d'en disposer ;
donc il est mort pour elle.


1002.
Le vertige de l'avarice, lequel s'empare  de l'homme, qui sachant que tout s'acquiert par la richesse, amasse celle-ci sans jemais rien donner à personne, le fait renaître démon.


1003.
Est un fardeau pour la terre, la naissance de ceux qui n'ont d'attention que pour acquérir la richesse plus que leur voisin et qui ne désirent pas la gloire.


1004.
Que compte-t-il donc laisser lui survivre ici-bas, celui qui n'est aimé de personne, (parce qu'il n'a jamais rien donné) ?


1005.
Ceux qui n'ont pas les deux qualités: de donner et de jouir, ne possèdent rien (en réalité), bien qu'ils aient un crore (dix millions) de fortune entassés.


1006.
Celui qui n'a pas la vertu de jouir lui-même et de donner aux hommes dignes d'être secourus, est une maladie pour la richesse.


1007.
La richesse de celui qui ne donne rien aux pauvres, ressemble à la fille qui a toutes les qualités, mais; qui vieillit dans le célibat.


1008.
La richesse de celui qui n'est pas aimé (des pauvres) est semblable au strychnos planté au milieu de la ville et qui est chargé de fruits mûrs.


1009.
L'opulente richesse, gagnée par celui qui a dédaigné de se faire aimer, (des parents et amis), qui s'est imposé des privations et qui n'a jamais songé à faire la charité, sera ravie par les étrangers.


1010.
La courte détresse des Riches, qui sont réputés par leur bienfaisance, a le même caractère que les nuages. Elle semble considérable mais ne dure pas.

Chapitre 102. Caractères dé la pudeur.


1011.
Rougir des  actions  viles: c'est la  pudeur. Les autres hontes (causées par la défectuosité des organes des sens), ressemblent à la pudeur des filles de famille, au joli front.


1012.
La nourriture et le vêtement ainsi que leur défaut sont communs à tous les êtres vivantes mais la parure des hommes: c'est la pudeur.


1013.
Toutes les vies ont pour siège le corps  (et ne le quittent pas). La plénitude des bonnes qualités a pour siège la pudeur (et a ne la quitte pas non plus).


1014.
La pudeur n'est-elle pas la parure des gens de Bien?  Si elle fait défaut, le grand train des hommes est une affliction pour ceux qui les voient.


1015.
Le monde dit que ceux qui rougissent également de leurs fautes et de celles d'autrui, sont l'habitation de la pudeur.


1016.
Les grands hommes ne désirent avoir pour haie (à fin de se protéger) que la pudeur et ne désirent pas acquérir la vaste étendue de la terre.


1017.
Ceux qui connaissant le mérite de la pudeur la cultivent, sacrifient leur vie pour ne pas la perdre et ne sacrifient pas la pudeur, pour conserver la vie.


1018.
Si quelqu'un commet sans rougir un acte digne de provoquer la honte des autres, cette absence de pudeur est de nature à faire écarter de lui, toute vertu.


1019.
Dévier de la bonne conduite ne détruit que la famille (de celui qui dévie). L'absence de la pudeur détruit tous les Biens qui peuvent advenir à l'homme.


1020.
Le va-et-vient de ceux qui n'ont pas la pudeur dans l'âme, ressemble au mouvement des marionnettes de bois que l'on fait mouvoir avec la ficelle et qui donnent l'illusion d'être vivantes.

Chapitre 103. Talent de rehausser la famille.


1021.
Rien de plus noble que le louable effort do celui qui ne se lasse pas de travailler, pour entre tenir sa famille.


1022.
La famille est rehaussée par le travail inlassable, fait avec énergie et plénitude de l'entendement.


1023.
La Divinité serre ses vêtements et marche devant celui qui est fermement déterminé à faire promener sa famille.


1024.
Le succès vient de lui-même à celui qui fait diligemment les affaires de sa famille: il n'a pas besoin de concevoir des plans.


1025.
Le monde entoure comme un parent l'homme qui ne commet pas d'iniquités et qui rehausse sa famille.


1026.
Ce qui  s'appelle pompeusement virilité  d'un homme, n'est autre que la capacité qu'il se crée de gouverner sa famille.


1027.
De même que le fardeau de soutenir le choc de la bataille incombe aux valeureux d'entre les soldats: de même le fardeau de supporter la charge de la famille est le propre des puissants parmi les fils de famille.


1028.
Se ruine, la famille de celui qui n'a d'attention que pour son honneur, et qui, attendant le moment propice pour agir, se tient les bras croisés dans sa dignité. Il n'y a pas d'opportunité pour le chef de famille.


1029.
Le corps de celui qui protège sa famille contre tout mal,
n'est-il pas le réceptacle des tribulations?


1030.
Est déracinée et s'abat, tout comme l'arbre (dont la racine est coupée par la cognée) la famille minée par les malheurs, faute d'un membre qui la soutienne.

Chapitre 104. L'agriculture.


1031.
Après avoir parcouru toutes les professions, le monde s'est arrêté à l'agriculture: celle-ci est donc, la profession capitale, en dépit du travail fatigant.


1032.
Le laboureur est la clavette de la société, parce qu'il soutient tous ses semblables, qui sans pouvoir labourer, embrassent les autres professions.


1033.
Seul vit indépendant, celui qui vit de l'agriculture, tous les autres sont dans la dépendance, en vivent et servent autrui.


1034.
Ceux qui font les récoltes et ont ainsi leur propre gloire, verront, sous l'ombrelle de leu souverain, toute la terre rangée sous l'ombrelle des autres Rois.


1035.
Ceux qui ont pour profession de vivre du produit de leurs cultures, ne mendieront pas: ils feront, sans refuser, l'aumône à ceux qui la demandent.


1036.
Si la main du cultivateur ploie sans travailler, ceux même qui ont renoncé à la nourriture désirée par tous, ne pourront persévérer dans leur pénitence.


1037.
Si, après avoir labouré, on laisse sécher la terre de manière qu'un palom-poids local de terre soit réduit à un quart de palom de poussière, le champ produira abondamment, sans avoir même besoin d'une poignée de fumier.


1038.
Fumer vaut mieux que labourer.  Après ces deux travaux et après le sarclage, surveiller les cultures vaut mieux qu'arroser.


1039.
Si le cultivateur ne visite pas tous les tours son champ et n'y fait pas par paresse le nécessaire, le champ le boudera et finira par se fâcher contre lui, tout comme son épouse.


1040.
La bonne femme appelée terre rit du fainéant qui crie misère.

Chapitre 105. Amoindristemeut du bien être.


1041.
Qu’est qui fait souffrir comme l'indigence? C’est 1 indigence elle-même.


1042.
Le misérable état appelée indigence, lorsqu'il écheoit a quelqu'un,
lui fait perdre les délices de la terre et du ciel.


1043.
La convoitise, provoquée par l'amoindrisse ment du bien être, ruine les anciens revenus et altère le langage (de celui qu'elle atteint).


1044.
L'indigence donne, même à ceux issus d'une honorable famille,
l'indignité qui leur fait tenir le langage de la servilité.


1045.
Une foule de douleurs sont dissimulées dans le fléau,
appelé  amoindrissement du bien être.


1046.
Ceux dont le bien-être a diminué ont beau exposer clairement les grandes vérités contenues dans les ouvrages,  leur  discours paraîtra vide de sens.


1047.
Celui dont le bien-être a diminué, s'il n'est pas vertueux, sera considéré comme un étranger, même par sa propre mère.


1048.
L'indigence, qui m'a fait souffrir hier, viendra-t-elle encore aujourd'hui (me faire souffrir)?


1049.
On peut dormir au milieu des flammes (grâce à des mesures de protection); il n'y a pas de palliatif qui puisse vous endormir, si vous êtes torturé par l'indigence.


1050.
Que celui qui n'a rien de ce dont on jouit, renonce complètement à tout! S'il ne le fait pas, il devient le Yeman (dieu de la mort) du sel et du vinaigre (du voisin).

Chapitre 106. Mendicité.


1051.
Demande l'aumône, si tu les rencontres, à ceux qui sont en état de donner. S'ils cachent leur avoir, ce sera leur faute et non la tienne.


1052.
Mendier même procure le bonheur, ai ce que tu as demandé t'est accordé,
sans te faire souffrir aucune humiliation.


1053.
C’est même belle démarche, que de demander l’aumône, à ceux qui n’ont pas le cœur de refuser et qui connaissent leur devoir.


1054.
Demander la charité â ceux qui ne savent pas, même dans leur songe, cacher ce qu’ils ont équi vaut à donner (aux pauvres).


1055.
C’est, parce qu’il a en vérité en ce monde de hommes qui donnent, dès qu’ils des aperçoivent, sans cacher ce qu’ils ont, qu’il y a encore des pauvres qui mendient, pur conserver leur vie.


1056.
Toutes les angoisses, qui proviennent de l’indigence, à ceux qui conservent leur honneur, s’évanouissent, à la vue de ceux qui ne sont pas affligés de la maladie de cacher ce qu’ils possèdent.


1057.
Le cœur du pauvre se réjouit et se dilate, lorsqu’il rencontre des hommes qui donnent, sans le mépriser et sans l’injurier.


1058.
S’il n’y pas de mendiants qui mendient, le va et vient des habitants de cette grande étendue de terre aux endroits frais, ressemblera à une danse de marionnettes de bois.


1059.
Où serait le m mérite de ceux qui donnent, s’il n’y avait pas de mendiants qui désirassent leur demander l’aumône ?


1060.
Que le mendiant s’en aille sans se fâcher (s’il n’obtient pas la charité) : car sa propre indigence suffit pour lui démontrer, que d’autres peuvent se trouver dans la gêne.

Chapitre 107. Crainte de mendier.


1061.
Il vaut un crore de fois mieux supporter les tortures de la faim, que demander l’aumône, même à ceux qui donnent avec joie et sans cacher ce qu’ils ont.


1062.
Si le créateur de la terre a infligé, à ses habitants, le sort de vivre en mendiant au lieu de vivre du produit de leur travail, que ce cruel erre partout comme les mendiants et périsse.


1063.
Il n’y a pas de force plus efficiente que celle de l’homme qui décide de corriger par la mendicité, les maux causés par l’indigence.


1064.
Tout l’univers ne suffit pas pour contenir la dignité de l’homme, qui se refuse à mendier, même lorsqu’il est réduit à l’extrême dénuement, faute de toutes ressources.


1065.
Rien n’est plus délicieux à boire que l’eau claire ou le gruau, que l’on s’est procuré par ses propres efforts.


1066.
Il n'y a rien de plus déshonorant pour la langue, que de demander, par compassion, de l’eau pour une vache assoiffée, que l'on a rencontrée mourante.


1067.
Je vous le demande en grâce:S'il vous faut absolument mendier, ne demandez pas la charité à ceux qui cachent leur avoir.


1068.
Si la pirogue sans conducteur appelée mendicité, où l'on est monté pour franchir l'océan, qui  est connu sous  le  nom d'indigence, se heurte au rocher (qu'est l'homme) qui cache ce qu'il a, elle se fend.


1069.
Le cœur fond à penser à l'humiliation de celui qui mendie: mais cette souffrance s'évanouit, lorsqu'on pense à la cruauté de celui qui refuse.


1070.
Le refus brutal fait perdre la vie au mendiante Où est donc la cache, où ira se cacher ensuite la vie de celui qui a refusé ?

Chapitre 108. Vileté.


1071.
Les vils ressemblent aux hommes (par la forme). Mais nous n'avons jamais constaté une autre ressemblance comme celle-ci, entre deux espèces.


1072.
Les vils sont plus heureux que les hommes qui sont à la recherche du Bien, par ce qu'ils n'ont pas le souci dans l'âme.


1073.
Les vils sont comme les dieux: les uns et les autres font ce qu'ils veulent, parce qu'il n'y a personne pour les réprimander.


1074.
Si l'homme vil rencontre un moins abject que lui,
il le surpasse en bassesse et s'en fait gloire.


1075.
Si jamais les hommes vils se conduisent bien, la cause en est la crainte du châtiment. A défaut, la satisfaction de leurs appétits y contribue un peu.


1076.
L'homme vil ressemble au tambour que l'on bat, parce qu'il colporte partout et dévoile aux autres les secrets qu'il surprend.


1077.
Les hommes vils donneront à ceux, qui ont le poing fermé pour leur casser la mâchoire et ne donneront pas aux mendiants, les grains de riz cuit attachés à leurs doigts.


1078.
Les hommes vertueux rendent service, dès qu'on leur expose sa misère.  Les hommes vils ne se rendent utiles qu'à ceux qui les pressurent, comme la canne à sucre.


1079.
S'il rencontre quelqu'un bien vêtu et nourri l'homme vil est habile à lui découvrir, par envie, des défauts.


1080.
Si un malheur lui survient, l'homme vil est propre à se vendra et à faire n'importe quel métier.

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